
Mercredi 16 février, le protocole de Kyoto, signé en 1997 par 141 pays, entre enfin en vigueur. Un jour historique pour la coopération internationale en faveur de l’environnement, même si des doutes subsistent.
La pollution n’a pas de frontières © DR hku.hk
Le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre entre en application aujourd’hui. "Peu d’accords internationaux réussissent à créer une ambiance de fête dès le jour de leur entrée en vigueur", observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. A Bonn, siège du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les diplomates de l’environnement débouchent le champagne. "L’expérience peut commencer. Si tout va bien, on fera les comptes à la fin de la décennie : on saura alors qui a atteint ses objectifs de réduction et qui a échoué." Le traité prévoit de réduire, d’ici à 2012, les émissions globales de gaz à effet de serre d’environ 5 % par rapport à 1990.
Le Temps, de Genève, se montre enthousiaste pour le protocole de Kyoto, "ce miraculé de la diplomatie internationale". Le quotidien suisse savoure ce moment, qui marque, "plus qu’un engagement, le début du changement". Et de souligner que "concrètement, d’ici à 2006, les pays signataires devront fournir un plan détaillé des efforts envisagés". Le Temps ne veut pas se laisser gagner par le scepticisme et note que le traité "introduit toute une série de mécanismes de marché novateurs", notamment en matière d’échanges de droits de pollution par la création de bourses spécialisées. Mieux encore, "avant même que Kyoto ne soit entré en vigueur, l’industrie privée a anticipé la création des bourses d’échanges et se comporte comme si les taxes sur le CO2 étaient déjà une réalité tangible". A défaut de pouvoir bloquer l’application du traité, "les industriels cherchent les solutions" pour réduire leurs émissions et éviter de payer.
Côté russe, dernier et précieux pays à avoir ratifié le traité, le ton est plutôt aux interrogations. "Ces dernières années en Russie, le protocole de Kyoto a donné lieu à de violentes discussions et même provoqué des scandales", notent les Izvestia. Pour la Russie, les objectifs sont plus que confortables et le pays dispose de solides réserves de droits de pollution. Reste qu’à la veille de l’entrée en vigueur du protocole, le gouvernement russe a expliqué que "le principal indice de réalisation des objectifs sera l’amélioration de l’efficacité des combustibles dans la production d’énergie".
Le temps où les nations engagées dans le protocole de Kyoto se félicitaient de sa ratification par la Russie est néanmoins révolu. "Le protocole peut-il vraiment sauver le monde ?" s’interroge The Independent. Le quotidien britannique rappelle que "le traité demeure controversé : est-ce un grand bond en avant dans la coopération internationale ou s’agit-il d’une posture politique vide de sens ?"
Dans son éditorial, La Libre Belgique apporte son soutien à Kyoto "contre vents et marées". Mais le journal de Bruxelles n’est pas sourd aux critiques radicales. "A peine porté sur les fonts baptismaux, ce traité censé épargner à la planète d’horribles dégâts des eaux est déjà qualifié de caduc, de dépassé, de périmé."
Plusieurs points incitent en effet à tempérer l’optimisme affiché par d’autres. Certains pays ont déjà pris du retard, notamment le Japon. L’Asahi Shimbun assure que ce pays "pourrait avoir un problème majeur : être incapable de remplir les obligations liées au traité". Et pour cause, explique le journal de Tokyo, "seuls quelques préfectures et municipalités nippones ont fait des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre". Ces entités ne se considèrent pas liées par le traité, à la différence du gouvernement central.
Mais c’est surtout l’absence des plus gros pollueurs qui mine l’efficacité du protocole, souligne le New York Times. "Il est particulièrement dommageable, aux yeux des Européens, que les entreprises américaines et chinoises ne soient pas concernées par les surcoûts liés aux efforts de réduction. Mais le pire est que l’objectif de réduction ne sera pas atteint parce que le dioxyde de carbone est un problème global et non pas local." Etats-Unis, Chine, Inde : ces trois géants manquent à l’appel.
Philippe Randrianarimanana © Courrier international
La pollution n’a pas de frontières © DR hku.hk
Le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre entre en application aujourd’hui. "Peu d’accords internationaux réussissent à créer une ambiance de fête dès le jour de leur entrée en vigueur", observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. A Bonn, siège du secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les diplomates de l’environnement débouchent le champagne. "L’expérience peut commencer. Si tout va bien, on fera les comptes à la fin de la décennie : on saura alors qui a atteint ses objectifs de réduction et qui a échoué." Le traité prévoit de réduire, d’ici à 2012, les émissions globales de gaz à effet de serre d’environ 5 % par rapport à 1990.
Le Temps, de Genève, se montre enthousiaste pour le protocole de Kyoto, "ce miraculé de la diplomatie internationale". Le quotidien suisse savoure ce moment, qui marque, "plus qu’un engagement, le début du changement". Et de souligner que "concrètement, d’ici à 2006, les pays signataires devront fournir un plan détaillé des efforts envisagés". Le Temps ne veut pas se laisser gagner par le scepticisme et note que le traité "introduit toute une série de mécanismes de marché novateurs", notamment en matière d’échanges de droits de pollution par la création de bourses spécialisées. Mieux encore, "avant même que Kyoto ne soit entré en vigueur, l’industrie privée a anticipé la création des bourses d’échanges et se comporte comme si les taxes sur le CO2 étaient déjà une réalité tangible". A défaut de pouvoir bloquer l’application du traité, "les industriels cherchent les solutions" pour réduire leurs émissions et éviter de payer.
Côté russe, dernier et précieux pays à avoir ratifié le traité, le ton est plutôt aux interrogations. "Ces dernières années en Russie, le protocole de Kyoto a donné lieu à de violentes discussions et même provoqué des scandales", notent les Izvestia. Pour la Russie, les objectifs sont plus que confortables et le pays dispose de solides réserves de droits de pollution. Reste qu’à la veille de l’entrée en vigueur du protocole, le gouvernement russe a expliqué que "le principal indice de réalisation des objectifs sera l’amélioration de l’efficacité des combustibles dans la production d’énergie".
Le temps où les nations engagées dans le protocole de Kyoto se félicitaient de sa ratification par la Russie est néanmoins révolu. "Le protocole peut-il vraiment sauver le monde ?" s’interroge The Independent. Le quotidien britannique rappelle que "le traité demeure controversé : est-ce un grand bond en avant dans la coopération internationale ou s’agit-il d’une posture politique vide de sens ?"
Dans son éditorial, La Libre Belgique apporte son soutien à Kyoto "contre vents et marées". Mais le journal de Bruxelles n’est pas sourd aux critiques radicales. "A peine porté sur les fonts baptismaux, ce traité censé épargner à la planète d’horribles dégâts des eaux est déjà qualifié de caduc, de dépassé, de périmé."
Plusieurs points incitent en effet à tempérer l’optimisme affiché par d’autres. Certains pays ont déjà pris du retard, notamment le Japon. L’Asahi Shimbun assure que ce pays "pourrait avoir un problème majeur : être incapable de remplir les obligations liées au traité". Et pour cause, explique le journal de Tokyo, "seuls quelques préfectures et municipalités nippones ont fait des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre". Ces entités ne se considèrent pas liées par le traité, à la différence du gouvernement central.
Mais c’est surtout l’absence des plus gros pollueurs qui mine l’efficacité du protocole, souligne le New York Times. "Il est particulièrement dommageable, aux yeux des Européens, que les entreprises américaines et chinoises ne soient pas concernées par les surcoûts liés aux efforts de réduction. Mais le pire est que l’objectif de réduction ne sera pas atteint parce que le dioxyde de carbone est un problème global et non pas local." Etats-Unis, Chine, Inde : ces trois géants manquent à l’appel.
Philippe Randrianarimanana © Courrier international
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